Des élus qui nient la science ?

Un tweet provocateur, dont je n’ai pas la date exacte, de Mme Balkany, pose à son insu une question intéressante, même si elle n’est plus élue. Elle écrit :

“le dérèglement climatique… bla bla bla… plus de douches, restez sales, interdit de faire du ski nautique… j’en passe et des meilleures… et  pourtant la canicule existait déjà au début des années 1910… et comme elle était belle vue par Chagall “

et de montrer une oeuvre de ce dernier, que je ne connaissais pas je l’avoue.

Si nous avons tous le droit d’avoir des opinions et de les exprimer, y compris que la terre est plate, il y a des missions qui vous interdisent de prendre des références non scientifiques. Par exemple, un pilote de ligne qui refuserait un plan de vol sous prétexte qu’il est faux parce que la terre est plate, est viré sur le champ ; un technicien du nucléaire qui refuserait de réaliser une manoeuvre et préférerait faire une prière de même ; et un élu ? A-t-il le droit de nier la science dans l’exercice de son mandat ? Peut-il émettre de simples doutes, et ne pas agir, parce que Chagall, parce qu’il voit que dans sa rue etc… Je ne sais pas si la loi est explicite sur ce point, mais je pense que le coeur de laïcité et de l’universalisme est là : ce n’est pas mon opinion d’élu qui fait référence (fondée sur une croyance personnelle ou collective) c’est soit la science quand elle s’est prononcée soit le plus probable. En fait, c’est ce qui est attendu de tout citoyen dans les situations de collaboration, hors lieux de cultes donc.

Au-delà de Mme Balkani, il semblerait que nombre d’élus (de tous les sexes) trainent les pieds pour tenir compte de la science dans les domaines écologiques, pour des raisons idéologiques notamment. L’universalisme c’est la capacité de se dégager de ses croyances personnelles ou communautaires, et celle-ci ne peut s’acquérir qu’en s’appuyant sur ce qui est indiscutable, donc la science. Ainsi, être représentant du peuple ne peut pas exister à l’opposé des principes de la République et de la science, et c’est une confusion qu’on ne cherche pas à régler lors d’élections ;  ainsi, on ne devrait pas pouvoir représenter un courant platiste par exemple lors d’élections, ni donc un courant qui nierait les rapports scientifiques du GIEC.

Les tribunaux ont déjà condamnés (sans succès) des pays et des élus pour inaction politique, ils n’ont pu le faire qu’à partir de références scientifiques et non pas d’opinions, et les tribunaux ont évalué scientifiquement les actions que les condamnés ont du présenter pour se défendre.

Nous concernant, dans nos communes, notre territoire, il me semble que les élus devraient s’exprimer sur la question, elles et ils devraient dire s’ils admettent les rapports du GIEC ou s’ils les contestent, le cas échéant à partir de quels éléments scientifiques bien sûr.
Dans le premier cas, ils devraient présenter les actions correctrices à la hauteur de l’enjeu, sinon c’est qu’ils mentent ou se mentent à eux-mêmes, dans le deuxième cas, ne devraient-ils pas démissionner ? Ou ne devraient-ils pas être démissionner ?

Hélas, à ce jour, il n’y a pas de droit d’interpellation ni de contrôle des élus, donc ils ne sont pas tenus de répondre à une question qu’on ne peut pas leur poser, ni tenus d’agir, bien qu’ils soient nos représentants présumés et que tous sont sûrs d’être démocrates et laïques. Nous n’avons comme seul recours à ce jour que de porter l’affaire devant les tribunaux. Ce serait bien si l’on pouvait s’éviter ce ridicule ; dans une République authentiquement laïque, on ne devrait pas arriver à cette extrémité.

J’insiste, une commission Démocratie, ouverte à toute la population, permettrait de tirer les choses au clair et de redéfinir les contraintes de tout mandat.