Retrouver cet article dans le N° 21 de L’ORTIE, rubrique Courrier du lectorat.

Le déni de Judith Godrèche. Elle accuse le milieu du cinéma, pourtant il manque un élément du puzzle dans son discours que personne ne relève : qui sont les parents de J.D ? Où étaient-ils quand elle avait 14/15 ans sur les plateaux à se faire peloter et dans la couche de B. Jacquot ? Que pensaient-ils de la situation ? 

Son père est psychanalyste, sa mère psychométricienne.  On ne peut pas les accuser d’incompréhension de la situation ; s’ils ont laissé faire, c’est qu’ils avaient/ont une théorie qu’ils ont mise en pratique : la curiosité infantile est normale et banale ? Être Sujet c’est être libre de son désir, même quand on est enfant donc, même si celui-ci comporte un risque ? Vous voyez apparaitre tout le débat autour de l’éducation des enfants, notamment sexuelle, qui fait rage dans les milieux concernés. Si la liberté est celle de dire Non, elle l’avait du point de vue parental. Nous avons sous les yeux les arguments utilisés par Marlène Schiappa pour justifier l’éducation à la sexualité (plaisir et non-reproductrice) dès la maternelle. Ministre, elle a mis l’accent sur l’éducation au Non : quand c’est non c’est non (non mais !) ; personne ne lui a donc posé la question pourtant fondamentale : alors quand c’est oui, c’est oui ? Quels que soient l’âge, les différences d’âge et la configuration ? Cette simple question aurait permis de lever le voile sur la perversion. Personne ne l’a posées sur les plateaux. Vous remarquerez que personne n’y revient car, en fait, B. Jacquot n’a rien fait d’illégal au regard de la loi actuelle qui  prive les parents de leur responsabilité de protecteurs ; et elle a été défendu par l’élite libertaire et progressiste qui se rebelle aujourd’hui. Non mais !

Qu’est-ce que le consentement ? Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps la loi a déclaré non-consentement de fait, donc viol, quand l’adolescent(e) avait moins de 15 ans. Il avait même été question de 13 comme en Espagne. Je me suis ridiculisé auprès de la députée du coin en avançant 17, minimum  à mon avis si l’on veut que les parents gardent la responsabilité de protéger leurs enfants des pervers. 

6 mois après la loi, Vanessa Springora dans son livre, Le consentement, montrait que le consentement d’une enfant, sous l’oeil de sa mère qui l’élève seule,  peut être extorqué par un pervers. Et pas seulement des enfants. Quelle découverte ! Pourtant, jamais le terme de pervers ou de perversion n’a figuré dans le débat sur les plateaux. La loi a simplement établi une distinction, une limite, entre les pédophiles – ça c’est pas bien –  et les adultes attirés par les ados, ça c’est possible ; c’est même un droit que l’enfant peut opposer aux parents. Voir le programme européen qui confond instruction et éducation (qui est fondamentalement de la responsabilité des parents). https://pfl.lu/wp-content/uploads/2022/08/WA_standarts_ESA_OMS.pdf 

L’affaire Gérard Miller. Osera-t-il le faire, mais G.M pourrait se défendre avec les arguments précédents : ces femmes étaient curieuses ; je n’ai fait que répondre à leur curiosité ; elles ne reconnaissent plus aujourd’hui l’émergence de leur désir du moment ; elles pouvaient faire cesser les choses à tout moment ; je n’ai jamais contraint personne ; la séduction n’est pas manipulation ; elles étaient consentantes, au moins inconsciemment. A ce jour, il n’y a pas de mineurs de moins de 15 ans dans cette histoire, alors pourquoi en faire… une affaire ? Pourquoi les personnes qui ont réclamé le consentement à 15 ans n’assument-elles pas les conséquences de leur choix, et ne disent-elles pas à ces femmes piégées dans et par leur désir, leur curiosité : il n’y a rien d’illégal donc ce n’est pas un sujet ; passez votre route. Pourquoi personne ne reprend-t-il la loi sur la majorité sexuelle ? 

L’impossible définition. En fait, si la loi peut définir arbitrairement un âge pour dire quand c’est un viol malgré un consentement, elle est incapable, et nous aussi, de définir un consentement définitif. A tout moment dans sa vie, on peut se dire, après coup, finalement ce n’est pas vraiment ça que je voulais, j’ai été manipulé ; et pour cause, le désir est une énigme, souvent ambivalent. Et la séduction est une chose magnifique (merci la vie) et non pas une manipulation. Il est logique quand on mature de douter des choix que l’on a fait 20 ans plus tôt ; mais c’est être injuste avec soi si l’on se condamne. Les choses ont toujours du sens au moment où on les fait, mais sait-on toujours lequel ? Il arrive qu’on le perde avec le temps. Les pervers se tiennent à cet endroit : ils savent pour nous ce que l’on méconnait,  ce que l’on n’oserait pas mais désirerait, pensent-ils ; pense-t-on parfois, hypnotisé. Imparable.

PS. Vous avez adoré le film, Intouchables ? « Pas de bras pas de chocolat ». Reprenez ce qui vous a fait rire. Repensez pourquoi François Cluzet préfère Omar Sy à la compassion le respect ou le professionnalisme des autres. Vous avez les éléments pour comprendre le jeu étrange entre le pervers et sa victime. Et l’indulgence de l’environnement.