La guerre – électorale – civile
Etrange tout de même qu’une supposée démocratie – représentative donc meilleur système à l’exception de tous les autres – provoque des affrontements verbaux qui relèvent de la guerre civile !
Lors même qu’elle devrait permettre et contenir la violence en la conflictualisant via un débat public, c’est-à-dire des échanges d’arguments et non pas des éléments de langage. Mais curieusement, ou pas, tout le monde se précipite sur la scène théâtrale politique pour se mettre sur la courge. On peut comprendre l’angoisse : il y a des gens qui travaillent à la guerre civile ; je peux l’affirmer car ils l’ont dit publiquement et ont mis des bombes pour certains.
Tous semblent gagnés par le lieu commun : si tu veux la paix prépare la guerre. Slogan d’une stupidité sans nom.
Comme quoi les représentations psychologiques du problème sont capitales. Une société à prétention laïque comme la nôtre devrait dire : si on veut la paix, préparons la paix. Comment faire ? Impossible de répondre à une question que l’on ne pose pas. Si on le fait, on va vite trouver que la parole, donc le temps l’espace les dispositifs et l’écoute réciproque, est la condition. Mais on prend pour débats démocratiques les joutes oratoires et les querelles d’écoliers qui nous leurrent.
“Un ennemi c’est quelqu’un qui n’a pas encore raconté son histoire”. Qui a prononcé cette phrase lumineuse ? Je ne le retrouve pas, mais je souscris.
La logique du système économique libérale est d’aller vers toujours plus de contrôle des populations qui ne retrouvent pas leurs billes malgré leur consentement. Ce système n’a pas peur des contraintes anti-démocratiques et des théocraties. Il n’a peur que de la Liberté laïque, celle qui limite la liberté individuelle à celle de l’autre, des autres ; il ne tient qu’à une chose : la liberté d’entreprendre, donc celle d’offrir toujours plus d’opportunités au plus fort au détriment du plus faible, donc celle d’enfler. On appelle ça la pléonexie ; concept que je vous invite à explorer (Dany-Robert Dufour). On en parle où de cette conception qui nous divise ?
Pour ma part, je n’ai pas d’ennemi parmi mes concitoyens ; je peux être le leur cependant, hélas. Je me refuse de monter sur un ring, de participer à un jeu dont les règles sont pipées. Comment supporter qu’une minorité électorale – 20 % dans le meilleur des cas sur les inscrits – se fasse appeler majorité et impose ses choix à tous les autres, tout en se drapant de la légitimité d’un choix démocratique ? Quelle drôle de méthode qui se targue d’être la seule efficace. Je peux comprendre, intellectuellement, que tous les activistes s’entendent sur cet espoir de capter le pouvoir en étant minoritaires, mais je ne peux pas l’admettre. Pour ma part, je me refuse à encourager la croyance en une méthode qui génère de la violence ; je suis un laïque, donc un pacifiste.