In memoriam feu Les soulèvements de la terre
SUBVERSION. n. f. Définition de l’académie française
■ Renversement ; il ne s’emploie qu’au figuré. La subversion de l’État. L’esprit de parti amène la subversion de tous les principes.
– Dans une démocratie démocratique, la mise en question du pouvoir – son organisation, la méthode, sa distribution, ses limites – que j’appelle subversion pour ma part car c’est au risque d’un retournement salutaire et non pas d’un délitement comme le suggère la définition, devrait être systématique et institutionnalisée.
La constitution de 1958 a fermé les possibilités d’un questionnement pacifique via une Assemblée Constituante régulière ; nous sommes contraints par des députés et sénateurs qui devraient être majoritaires au deux-tiers pour modifier la constitution. Il n’y a pas de voie légale pour interroger l’organisation du pouvoir. Tout va bien ?
– Or, sans subversion possible et institutionnalisé, via une Constituante, le pouvoir sur le peuple est un autoritarisme, et l’insurrection populaire la seule issue à la violence des institutions. Les jeunes qui s’organisent sous le label des soulèvements de la terre posent en actes la question des institutions et de la volonté populaire, parce que nous restons mutiques et spectateurs. D’autres essaient en gagnant en justice, sans plus d’effet. Ces jeunes insurgés sont le symptôme, pas le problème.
– Pour ma part, j’ai tenté de créer des dispositifs pacifiques (arbre à palabres, soirées écocitoyennes) pour traiter cette question par les mots, ceci pour offrir une autre voie que celle de l’affrontement électoral ou physique. Vous noterez mon échec : personne ne se joint à moi sur ce registre, peu d’élus ne se sentent tenus de répondre voire d’y réfléchir. Que reste-t-il comme solution à celles et ceux qui témoignent des limites ? Car il y a des limites à tout.